Bujumbura : les renseignements burundais détiennent cinq médecins qui réclament les droits des praticiens de santé
Consternés et survoltés, les membres de la Fédération nationale des syndicats du secteur de la santé s’insurgent contre l’arrestation et l’emprisonnement de cinq médecins par le SNR (Service national des renseignements) depuis plus d’ une semaine. Il sont poursuivis pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » pour avoir réclamé leurs droits et ceux de leurs pairs. (SOS Médias Burundi)
Dans un communiqué de presse rendu public le 5 février 2025 et signé par le président et la vice-présidente de la Fédération nationale des syndicats du secteur de la santé, FNSS, respectivement Mélance Hakizimana et Marie Bukuru, la FNSS indique avoir appris avec consternation l’arrestation et l’emprisonnement de cinq médecins depuis plus d’une semaine par le Service national de renseignements. Ils sont détenus dans les cachots des services secrets burundais dans la ville commerciale Bujumbura.
Causes
Les cinq praticiens de santé sont poursuis pour « atteinte à la sécurité de l’Etat », selon la Fédération.
« Le fait de revendiquer l’amélioration des conditions de travail n’est pas un crime et ne doit en aucun cas être le motif d’être traité comme un criminel. Les salaires ont toujours été revendiqués, ils sont revendiqués aujourd’hui et seront toujours revendiqués jusqu’à la fin du monde par les travailleurs…. », indique le document.
D’après la FNSS , une telle détention « est un harcèlement qui doit être dénoncé par toute personne animée de bonne foi, car, il s’agit d’une violation notoire des droits de l’homme ».
La Fédération des syndicat burundais du secteur de la santé, fait savoir qu’il est surprenant que le gouvernement fasse recours à la force en violation des Conventions n° 29 et 190 de l’Organisation internationale du travail ( OIT), respectivement sur le travail forcé et sur la violence et le harcèlement au moment où le pays est membre de cette organisation et qu’il s’est doté même des institutions de dialogue social que chaque partenaire devrait saisir en cas de conflits liés aux relations de travail.
En plus, s’indigne la FNSS, « l’arrestation de ces médecins n’a pas suivi les procédures du fait que personne parmi les détenus n’a été convoqué et n’a refusé de répondre à un mandat d’un procureur ou une convocation d’un officier de police judiciaire ».
Parmi les médecins détenus par les services secrets burundais, certains ont été interpellés étant en pleine prestation.

« Les agents des renseignements n’ont pas pensé aux urgences médicales ainsi qu’aux conséquences qui en découlent. L’arrestation de ces médecins est un acte de violence, anti-syndical et antidémocratique qui démontre à suffisance la tentative de vouloir intimider les travailleurs pour que personne n’ose plus revendiquer ses droits malgré de nombreuses injustices sociales dont sont victimes les salariés surtout de l’Etat », se désolent les deux leaders syndicaux.
Relations avec la ministre de tutelle
La ministre burundaise en charge de la santé, Lyduine Baradahana est accusée par les représentants syndicaux de « ne plus nous recevoir dans son bureau ».
« Nous exigeons que ces cinq médecins soient libérés sans condition car ils n’ont commis aucun délit », disent-ils.
La FNSS demande à la ministre Baradahana de « sortir du mythe de s’écarter de la politique du dialogue social afin d’embrasser la culture de dialogue social, pilier fondamental de toute société et qui favorise la compréhension mutuelle, la cohésion sociale et la résolution des conflits de manière pacifique ».
Cette Fédération demande à tous les médecins d’être solidaires en soutenant leurs collègues au lieu de s’enfermer dans le cercle vicieux de doute, de peur et de culpabilité.
Les médecins burundais sont les moins et mal payés de l’Afrique centrale et de l’est, avec un salaire mensuel de moins de 100 USD.
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Photo : un habitant de Bujumbura se fait dépister dans le cadre d’une campagne de lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19 © SOS Médias Burundi
