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Cibitoke : une crise de carburant qui paralyse les activités

La province de Cibitoke, située dans le nord-ouest du Burundi, est confrontée à une pénurie de carburant qui paralyse l’ensemble des activités économiques et sociales. Les parkings des bus de transport public sont déserts, les conducteurs ayant préféré laisser leurs véhicules à domicile en raison de l’absence totale de carburant. (SOS Médias Burundi)

Cette crise a des répercussions majeures, notamment pour les agriculteurs et les commerçants locaux. Les tomates et mangues cultivées dans la région pourrissent faute de transport vers les marchés des grandes villes comme Bujumbura, principal centre commercial du pays. Les marchés locaux ne suffisent pas à absorber la production, accentuant ainsi les pertes économiques.

Par ailleurs, le prix des tickets de transport a triplé, selon les usagers. « Pour le trajet Rugombo-Bujumbura, long de 80 kilomètres, les tarifs ont grimpé à des niveaux insoutenables : entre 30 000 et 35 000 francs burundais pour les bus, et jusqu’à 40 000 voire 45 000 francs pour les taxis collectifs », expliquent des habitants du chef-lieu de Cibitoke.

Stations-services à sec

Le vendredi 17 janvier, aucune station-service de la province — au nombre de douze — n’était approvisionnée en essence ou en gasoil. Les habitants rapportent que « le transport est complètement à l’arrêt. Les mini-bus, les voitures de type Probox et les motos-taxis sont garés dans les enclos ». Cette situation dure depuis plus de deux semaines.

Mesures controversées des autorités

Face à cette crise, les autorités provinciales ont interdit l’importation de carburant depuis la République démocratique du Congo (RDC), un voisin pourtant proche et stratégique pour l’approvisionnement. Cette décision a conduit à l’interpellation de trente conducteurs de mini-bus et de motos-taxis, accusés de contrebande de carburant en provenance de l’autre côté de la rivière Rusizi.

Hausse des prix et impact social

Les prix des hydrocarbures sur le marché noir atteignent des sommets : un litre et demi d’essence coûte entre 45 000 et 50 000 francs burundais, le prix officiel d’un litre d’essence étant fixé à 4.000 francs.

Un parking de bus et taxis de transport vide en commune de Mabayi dans la province de Cibitoke © SOS Médias Burundi

Cette flambée des prix exacerbe les difficultés économiques des habitants, déjà confrontés à une inflation galopante. Les agriculteurs, incapables d’acheminer leurs produits, subissent des pertes colossales. Beaucoup sont également dans l’incapacité de rembourser les crédits contractés pour financer leurs activités.

Appels à l’action

Les habitants de Cibitoke exhortent les autorités à trouver une solution rapide à cette pénurie de carburant. Ils demandent à l’administration et aux forces de sécurité de lever l’interdiction sur l’importation de carburant depuis la RDC, afin de permettre un approvisionnement minimal et de soulager la population.

Cependant, le gouverneur de Cibitoke adopte une position ferme, appelant les autorités locales et les gardes-frontières à intensifier la lutte contre la contrebande.

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Carême Bizoza a menacé de sanctions sévères les trafiquants transfrontaliers, qu’il accuse de porter atteinte à l’économie nationale.

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Photo : un parking de bus vide en commune de Rugombo au nord-ouest du Burundi © SOS Médias Burundi