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Makamba : le CNDD-FDD déterminé à rester au pouvoir

Lors d’une conférence de presse tenue au stade Nkurunziza Peace Park Stadium en province de Makamba, dans le sud du Burundi le 3 janvier dernier, le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, a affirmé que son parti n’est pas prêt à connaître le déclin des formations politiques telles que l’UPRONA et le FRODEBU. Selon lui, l’ancienne rébellion Hutu ne sera pas vaincue lors des prochaines élections. (SOS Médias Burundi)

M. Ndikuriyo a expliqué cette détermination par une politique de recrutement à long terme, qui inclut les jeunes enfants. Il a même déclaré que le CNDD-FDD enrôle des « enfants à l’état embryonnaire » afin qu’ils naissent déjà prêts à servir le parti.

« On a vu comment les partis UPRONA et Sahwanya FRODEBU ont vieilli. Mon parti ne va pas vieillir comme ceux-là. C’est pourquoi on entretient les enfants de 9 ans, communément appelés “ibiswi vy’inkona” », a déclaré M. Ndikuriyo.

Selon lui, cette politique va encore plus loin : « Nous recrutons même des bébés à l’état embryonnaire pour qu’ils naissent étant ibiswi vy’inkona », a-t-il affirmé en réponse à une question d’un journaliste.

Une pratique controversée

Cette approche n’est pas sans susciter des critiques. Des parents de la province de Makamba se sont régulièrement plaints de la participation forcée de leurs enfants aux activités du CNDD-FDD, parfois pendant les jours de classe. Ces enfants seraient formés par des membres du parti en collaboration avec l’ancien député Jean Baptiste Nzigamasabo, surnommé Gihahe, et des policiers du commissariat provincial de Makamba. Cette pratique durerait depuis près de sept ans.

Des élections présumées gagnées

M. Ndikuriyo a affirmé avec confiance que le CNDD-FDD ne peut pas être vaincu lors des prochaines élections.

Le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo et son adjoint Cyriaque Nshimirimana décorent un enfant issu d’une famille de membres du parti présidentiel lors de la journée dédiée aux Imbonerakure à Makamba (sud du Burundi) , le 26 août 2023

« Ce pays de Ntare ( le premier roi-fondateur du Burundi) et Ndayishimiye, je le connais très bien. Le verbe ‘être vaincu’ ne peut pas être conjugué pour mon parti. Il y a même des communes où seul le CNDD-FDD se présentera », a-t-il précisé.

Il a ajouté : « Tout Burundais a un capital au sein du CNDD-FDD. Celui qui n’a pas donné son enfant a contribué soit en nourriture, soit en prières. N’attendez donc pas que mon parti soit vaincu.»

Cette déclaration survient peu après que la coalition d’opposition Burundi « Bwa Bose » a été exclue de la course électorale par la Commission électorale nationale indépendante, tout comme le principal parti politique de l’opposition CNL.

Opposition muselée

Cette situation est perçue par plusieurs responsables de l’opposition comme une érosion du multipartisme au Burundi. Les secrétaires du CNDD-FDD au niveau local dans les zones auraient démarré une campagne de dénigrement des partis d’opposition. Selon certaines informations, il y aurait même des sensibilisations à « tuer ou emprisonner toute personne qui voudrait s’opposer au parti présidentiel lors des prochaines élections ».
Ces accusations, si elles sont avérées, soulignent un climat politique tendu à l’approche des élections, marqué par des pratiques qui interrogent sur l’état de la démocratie burundaise.

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Photo : des élèves et écoliers mobilisés lors de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 à Bujumbura © SOS Médias Burundi