Makamba-Rutana : retard inquiétant dans la distribution des fertilisants

Les agriculteurs des provinces de Makamba et de Rutana dans le sud-est du Burundi disent avoir progressivement perdu espoir d’être approvisionnés en fertilisants pour la saison culturale en cours. Cela fait longtemps qu’ils ont payé les avances exigées pour avoir accès aux intrants agricoles, en vain. (SOS Médias Burundi)
Les agriculteurs qui se sont confiés à SOS Médias Burundi devraient avoir bénéficié des fertilisants destinés au semis et au sarclage. Ils parlent de « constat amer ». En plus de longues distances qu’ils sont obligés de parcourir, les concernés disent qu’ils peuvent passer plusieurs jours aux chefs-lieux de province ou de commune, en attente d’être servis sans succès.
« On se bouscule comme des bêtes lors de la distribution des engrais. Beaucoup d’entre nous sont battus par des policiers ou des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti présidentiel) qui viennent encadrer la répartition des engrais chimiques », dit un agriculteur de Makamba.
À Makamba et Rutana, les agriculteurs disent que la police privilégie des commerçants dans la réception des intrants agricoles moyennant versement des pots-de-vin.
D’après des sources locales dans les deux provinces frontalières avec la Tanzanie, ces commerçants vendent à leur tour ces fertilisants en Tanzanie voisine, à des prix très élevés.
Normalement, chaque ménage reçoit un bon quand il paie l’avance. Mais plusieurs familles ont vu leurs bons tomber en annulation lors de la dernière saison. Elles disent craindre que la même situation ne se répète.
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Chaque fois que les agriculteurs se plaignent, ils reçoivent la même réponse : « cette semaine, les engrais vont être disponibles ».
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Photo : des policiers supervisent la distribution d’engrais chimiques sur un point de vente de fertilisants à Bubanza dans l’ouest du Burundi, juillet 2022 © SOS Médias Burundi