Gitega-Rumonge : l’accès aux marchés toujours conditionné par l’attestation d’enrôlement aux élections tout comme l’accès aux classes pour les enseignants et élèves
Les marchés sont restés fermés ce lundi dans les provinces de Gitega (centre du Burundi) où est située la capitale politique et Rumonge (sud-ouest) au moment où les enseignants et élèves en âge de voter devraient d’abord s’enregistrer pour les élections de l’an prochain, afin d’accéder aux classes. Même des élèves qui étaient en stage ont dû être rapatriés pour se faire enrôler. (SOS Médias Burundi)
Au marché central de Gitega dans la capitale politique, c’est le commissaire du marché qui a pris la décision, sous l’ordre des autorités administratives. Dans les petits marchés, les autorités administratives, les policiers et les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) s’étaient déplacés pour aller faire le contrôle. Ce lundi, plusieurs marchés sont restés fermés pendant plusieurs heures. Dans un communiqué, les représentants administratifs avaient annoncé ce dimanche que « seules les personnes présentant des troubles mentaux sont autorisées à ne pas se faire enregistrer ». Le document a été lu dans les églises locales.

Même des galeries tenues par des particuliers ont été obligées de fermer les portes, selon un reporter SOS Médias Burundi qui a visité les différents endroits de la ville de Gitega ce lundi.
Accès aux classes conditionné par l’attestation d’enrôlement aux élections
À l’Ecole Sociale de Gitega (ECOSO ), tous les enseignants ont été soumis à la vérification des récépissés attestant qu’ils se sont fait enrôler.
« Aucun enseignant n’était autorisé à dispenser les cours sans montrer ce récépissé », disent des enseignants. Les 410 élèves que compte cette école sont aussi concernés par l’opération. Or, selon Abbé Innocent Ndayishimiye ,directeur de cet établissement scolaire, 18 élèves s’étaient déjà fait inscrire jusqu’à ce dimanche au moment où 87 autres n’ont pas de carte d’identité, un document indispensable pour se faire enrôler.
À l’Ecole Paramédicale de Gitega, sur 302 élèves, tous internes , 31 n’avaient aucune pièce pour se faire enrôler. Selon la directrice Délice E.Niyongere, tous les élèves en stage ont dû être rapatriés.
Ils étaient affectés dans les hôpitaux de Muramvya, Kibumbu et Kibuye loin de leur école. La directrice Niyongere dit avoir agi ainsi pour « mettre en application la circulaire du ministre en charge de l’éducation ».
La même situation a été signalée aux Lycées Technique Christ Roi de Mushasha et Notre Dame de la Sagesse de Gitega (CND ) où les activités ont été paralysées. Plusieurs élèves en uniformes étaient visibles dans les rues de Mushasha se diriger vers des centres d’inscription et à la Commune ,à la recherche de la carte d’identité.

Dans les quartiers Nyamugari et Yoba en ville de Gitega, les jeunes affiliés au parti présidentiel ont récupéré la carte d’identité des résidents pour aller les enregistrer avant de revenir avec des récépissés.
Au chef-lieu de Rumonge, plusieurs Imbonerakure avaient été mobilisés ce lundi pour surveiller le marché de province. Seule une entrée, située du côté du quartier Birimba était ouverte.
« Seuls les individus qui présentaient les récépissés avaient le droit d’entrer », disent des témoins. Les personnes qui voulaient avoir accès au marché devraient d’abord montrer cette attestation ou aller se faire enregistrer non loin du marché. Dans cette province, certains administrateurs communaux dont celui de Buyengero ont été très clairs : « aucun résident n’aura l’accès aux services administratifs s’il ne présente pas un récépissé attestant qu’il s’est fait enrôler ».

En province de Rumonge, des responsables scolaires ont également obligé aux enseignants et élèves en âge de voter d’aller s’inscrire avant d’accéder aux classes.
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Photo : une porte fermée au marché de Rumonge dans le sud-ouest du Burundi, le 28 octobre 2024
