Cibitoke : une personne trouve la mort dans le cachot du Service de renseignements
Un homme est mort dans un cachot du Service national de renseignements de Cibitoke (nord-ouest du Burundi) la nuit du 6 au 7 octobre.Il était soupçonné de faire partie des combattants du groupe rebelle Red-Tabara basé dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo.Des habitants proches de ce cachot parlent d’une mort atroce.Le représentant provincial du SNR nie ces allégations. (SOS Médias Burundi)
La victime, âgée d’une trentaine d’années, selon des témoins, a été retrouvée morte ce lundi très tôt le matin. Son corps gisait dans une marre de sang.
Selon une source sécuritaire proche des services secrets burundais, le détenu était arrivé à Cibitoke le soir de vendredi dernier.
« Il était venu dans un groupe de prisonniers qui ont été transférés de Bujumbura (capitale économique) vers Cibitoke », dit notre source.
D’après cette source, « la victime a subi plusieurs coups de marteaux avant se succomber à ses blessures la nuit du 6 au 7 octobre ».
Le cadavre a été évacué vers un lieu tenu secret, selon des témoins.
Le détenu dont l’identité reste à déterminer, était en compagnie de deux autres hommes, qui ont été arrêtés en ville d’Uvira dans la province du Sud-Kivu (est du Congo), avant d’être emmenés à Bujumbura, d’après une autre source sécuritaire. Ce sont les renseignements burundais qui ont interpellé les trois hommes, a-t-on appris.
« Les deux autres détenus sont agonisants et privés de nourriture. Ils sont pour le moment entre la vie et la mort », déplore une source policière.
Des passants et résidents disent que « nous entendons souvent des cris de détresse des gens soumis à la torture au cachot des renseignements ici à Cibitoke ». Le cachot du SNR-Cibitoke est installé non loin de la résidence du gouverneur de province. Le procureur de Cibitoke et le gouverneur Carême Bizoza indiquent que « personne ne nous a saisis à ce sujet ».
Le responsable du SNR à Cibitoke a balayé du revers de la main toutes ces accusations. Au cours d’une réunion de sécurité de ce lundi matin , le colonel de police Félix Havyarimana a renvoyé les journalistes au porte-parole des renseignements au niveau national pour toute question concernant son service.
Red-Tabara se trouve sur la liste des mouvements terroristes du gouvernement burundais. En janvier 2024, les autorités burundaises ont fermé les frontières terrestres avec le Rwanda, reprochant au président Paul Kagame de protéger les responsables de ce groupe et de l’armer notamment. Entre décembre 2023 et février 2024, les rebelles de Red-Tabara sont accusés par le gouvernement burundais d’avoir tué près de 30 personnes dans les localités de Gatumba et Gihanga ,respectivement en province de Bujumbura et Bubanza, frontalières avec le Congo. Le président burundais Évariste Ndayishimiye a lui-même accusé son homologue rwandais d’être « un déstabilisateur de la sous-région et un hypocrite ».
Le Rwanda a toujours nié ces allégations disant « qu’il n’y a pas de vérité dans les propos du président Ndayishimiye ».
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Photo : le bureau du SNR à Cibitoke en même cachot des renseignements dans la province © SOS Médias Burundi
