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Nakivale (Ouganda) : plus de 2 000 demandeurs d’asile burundais déboutés

Ils avaient fui depuis 2018 et voient leur pays d’accueil rejeter leurs demandes d’asile. Ces Burundais doivent faire des recours. Ils soupçonnent une main du pouvoir burundais derrière ce refus. (SOS Médias Burundi)

L’Ouganda n’octroie plus d’asile direct à tout demandeur qui se présente sur son territoire. Plutôt, des entretiens et interviews sont conduits par le gouvernement ougandais via le bureau du Premier ministre, en charge des réfugiés, en collaboration avec le HCR, pour identifier le mobile personnel et la raison de la fuite.

C’est dans ce cadre que plus de 5000 demandeurs d’asile ont passé ces interviews ces derniers temps. Parmi eux, des Burundais qui ont fui depuis plus de six ans.

Plus de 99% de ces Burundais n’ont pas eu la chance de bénéficier du statut de réfugiés, d’après la liste des résultats qui vient d’être affichée au camp de Nakivale. Ils sont estimés à plus de 2 000.

Par contre presque tous les Congolais, Soudanais, Ethiopiens, Somaliens et Erythréens ont reçu ce statut d’asile car ‘’leurs pays sont en guerre et/ou conflits armés’’, explique une source proche du HCR.

D’après cette source, il s’agit de ce dernier principal critère qui a éliminé les aspirants d’origine burundaise.

Autre élément déterminant, le gouvernement burundais, les pays d’accueil et le HCR, ont entamé des procédures de rapatriement volontaire depuis 2017.

“Alors pour le moment, presque tous les gens qui fuient sont des réfugiés économiques qui cherchent du travail et un léger mieux économique, ce qui le prouve est que beaucoup de ces gens sont en exil pour la deuxième fois en trois ans. Ils rentrent et reviennent. C’est vrai qu’il y a de vrais réfugiés mais ils sont en petit nombre”, révèle une source au sein du HCR à Nakivale.

Pour ces Burundais, les résultats des interviews ne sont pas satisfaisants. Ils se disent déçus.

“Comment ne pas accorder un statut de réfugié à quelqu’un qui fuit la milice Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD), qui échappe à la mort, qui sort de la prison alors qu’il était injustement incarcéré, qui est opprimé pour ses convictions politiques!! C’est quand même bizarre et inquiétant. Même chez nous la guerre y est mais d’une façon imperceptible, pourtant atroce”, soutiennent certains d’entre eux.

Ils soupçonnent une main du gouvernement du pays qu’ils ont fui.

“Les relations qui existent entre le Burundi et l’Ouganda ne nous favorisent pas, c’est sûr que Gitega a joué son rôle et continue de nous malmener même en terre d’exil”, disent des Burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi, tout en recommandant au gouvernement ougandais de reconsidérer ces résultats et leur accorder le statut de réfugié “que nous méritons”.

Même si ces demandeurs d’asile sont déboutés, ils ne seront pas extradés. Ils ont plusieurs chances de recours et sont toujours assistés dans leurs camps de réfugiés.

“C’est comme si de rien n’était! La vie continue. Seulement, le statut confère certains avantages comme l’acquisition de la carte d’identité pour réfugiés ou le document de voyage, sinon l’attestation de demandeur d’asile qu’ils détiennent suffit pour accéder à d’autres services de base, de protection et d’assistance humanitaire”, expliquent des agents du HCR.

Le camp de Nakivale compte plus de 140 000 réfugiés, dont plus de 33 000 Burundais.

Parmi ces derniers, une grande partie n’a pas encore eu de statut d’asile mais le HCR les considère comme des réfugiés qui nécessitent “une assistance et une protection”.

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Photo : une partie du camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi