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Nakivale (Ouganda) : les réfugiés soulagés par un nouveau distributeur d’eau potable

Une ONG veut rassurer les réfugiés du camp de Nakivale alors qu’ils se sot résignés à une pénurie interminable d’eau potable. Le seul souci est que les réfugiés devront payer leur facture de consommation. (SOS Médias Burundi)

Cette ONG qui finalise ses installations dans une zone pilote de « Base Camp » promet de raccorder tout le camp si les moyens le lui permettent. Elle reprend en main le volet qui était géré par le HCR et son partenaire du secteur de l’assainissement (WASH: Water, Sanitation and Hygiene).

Des tanks, citernes et des robinets ont été installés et les réfugiés ont déjà commencé à savourer à nouveau de l’eau potable, une denrée qui était devenue introuvable dans ce camp depuis plusieurs mois, voire plus d’une année.

Mais le souci est que la facture est à la charge des réfugiés.

« L’on doit payer entre 50 et 100 shillings ougandais pour un bidon de 20 litres. C’est relativement moins cher par rapport à 1000 ou 1500 shillings ougandais que nous payions avant pour la même quantité chez des Ougandais en dehors du camp ou à des vendeurs ambulants d’une eau qui n’était même pas saine et potable », se réjouissent tout de même des réfugiés burundais.

L’ONG qui poursuit ses installations justifie le coût par les moyens mis dans l’expertise, l’installation des tanks, des robinets et des machines de pompage pour extraire de l’eau de forage.

Les réfugiés saluent cette initiative mais demandent au HCR de participer dans le budget de constructions de ces infrastructures pour alléger cette facture.

« Ainsi, on pourrait puiser de l’eau gratuitement car c’est inadmissible que des vulnérables que nous sommes paient de l’argent en plein camp. Ou bien, que le HCR majore l’assistance qui nous est destinée », suggèrent-ils.

De son côté, l’organisation onusienne indique avoir conclu un contrat de payer 80% du coût avec le gouvernement ougandais et que les réfugiés devront se charger du reste.

« Les réfugiés devront payer la facture de l’eau comme d’autres citoyens ougandais. Néanmoins, nous avons pris en considération leurs faibles ressources. Ils payeront moins cher par rapport aux autres », clarifie le HCR.

Mais les occupants de Nakivale disent ne pas comprendre comment ils pourront être en mesure de régler la facture.

« Du jamais vu. Demander à un réfugié, vulnérable, qui attend tout des humanitaires, de payer la facture de l’eau. C’est ajouter du drame au drame », réagissent des réfugiés. Ils affirment que « nous ne parvenons même pas à satisfaire nos besoins à cause des coupures répétitives de la ration. Plus de 70% des réfugiés ont vu leur assistance réduite. Où trouverons-nous cet argent pour payer la facture ? » S’interrogent-ils.

Le HCR semble ne pas fléchir, d’après nos sources. Il indique que la même gestion est déjà fonctionnelle dans un autre camp, celui de Rwamwanja, dans le district de Kamwenge au sud de l’Ouganda.

« Et cela a porté de bons fruits depuis 2019. Les réfugiés et les communautés locales à l’intérieur et autour de l’installation qui en bénéficient règlent eux-mêmes la facture. Nous pensons qu’il sera possible de le faire également à Nakivale », rassure le HCR.

Ce qui est tout de même rassurant, ajoutent des réfugiés, c’est que celui qui souhaite un raccordement chez lui peut en bénéficier.

« Ce sont des privés qui ne recherchent que du profit pécuniaire. Il suffit de payer tous les frais de connection des tuyaux et la facture de consommation mensuelle. Le coût d’installation peut aller jusqu’à trois millions de shillings ougandais (800 USD) », ont souligné des ingénieurs de l’ONG. Et, il y a des réfugiés qui se sont déjà offert ce luxe, signalent-ils.

Le camp de Nakivale compte plus de 140 000 réfugiés dont plus de 33 mille Burundais.

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Photo : des réfugiés sur une fontaine d’eau dans le camp de Nakivale en Ouganda, DR