Selon la société civile locale, au moins 17 civils dont des agents humanitaires ont été tués dans le territoire de Lubero dans la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo ces trois dernières semaines. Les auteurs de ces crimes sont des jeunes de la place. Quatre agents d’une organisation non gouvernementale « Tearfund » ont également été tués et cinq véhicules incendiés par les mêmes jeunes qui les ont assimilés à des Rwandophones depuis que les rebelles du M23 sont entrés dans le territoire de Lubero. (SOS Médias Burundi)

Selon le coordinateur de la société civile locale, ces jeunes pensent qu’en commettant ces exactions, seraient en train de lutter contre la progression des rebelles du M23 qui occupent déjà plus de 3 localités de Lubero.

« Pas des ADF* dans ces attaques comme sont en train de penser certaines personnes. Ce sont des jeunes de Lubero qui commettent ces bavures pour semer la peur au sein de la population. Mercredi matin, 17 autres personnes, qui quittaient Butembo vers Beni fuyant l’insécurité grandissante dans le grand Nord-Kivu, sont tombées dans une embuscade de ces jeunes » affirme Muhindo Sengemoja, communicateur de la société civile de Lubero, qui précise que parmi les victimes il y a plusieurs personnes qui parlent le Kinyarwanda.

La société civile s’inquiète et indique avoir peur de rivalités tribales qui risquent de dégénérer.

« Le fait de tuer des personnes qui parlent le Kinyarwanda est dangereux pour la population de Lubero en particulier et du Nord-Kivu en général », fait remarquer Muhindo Sengemoja.

« Ces jeunes qui, au départ, étaient des artisans de la paix, sont maintenant les premiers à perturber la quiétude des civils. Cela montre une exacerbation de la guerre tribale dans le Grand Nord-Kivu aujourd’hui occupé par les membres de la tribu Nande. Le gouvernement doit prendre des mesures strictes pour éradiquer ces actes des jeunes de Lubero qui risquent d’offrir la voie libre de l’entrée pour l’ennemi de la nation à Lubero », renchérit John Balingene Banyene, coordinateur provincial de la société civile du Nord-Kivu.

Depuis plus de deux semaines les éléments du M23 ont intensifié les combats dans le Grand Nord-Kivu pour tenter d’attaquer la ville de Butembo et le territoire de Beni afin d’avancer vers la province voisine de l’Ituri, selon la société civile.

Sylvain Ekenge, porte-parole des forces armées coalisées, affirme que les forces loyalistes sont en train de ralentir les attaques visant la ville de Butembo.

La rébellion occupe plusieurs zones de la province du Nord-Kivu dont la cité frontalière de Bunagana, entre la RDC et l’Ouganda depuis mi juin 2022.

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.

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Photo : des miliciens locaux attaquent le M23 à Bashali dans le Nord-Kivu © SOS Médias Burundi